C’était un ancien site industriel. C’est aujourd’hui le plus grand campus en bois au monde. Et ce n’est pas sa seule performance. Arboretum divise l’empreinte carbone par 2 et a été réalisé en 4 ans seulement. Un record pour ce type de projet.
Arboretum, la « Ville-Forêt » est aussi un poumon vert de 125 000m2, une nouvelle manière de réaliser des immeubles de bureaux, une invitation à vivre et à travailler autrement ; une approche ultra bas carbone pour un projet inédit, labellisé BBCA Excellence, que nous fait découvrir Marc Lafont, Président exécutif de WO2.
En quoi Arboretum est-il une opération remarquable ?
Marc Lafont. Arboretum est l’incarnation la plus pure de la démarche menée par WO2 : la réhabilitation d’un ancien site industriel, le lien entre des espaces de bureaux et une nature généreuse, qui vient se relier à la Seine, une construction intégralement en bois massif, et finalement, une proposition de lieu où travailler en rupture avec les immeubles de bureaux traditionnels et les voisines tours de La Défense. C’est un écosystème entier sur 125 000m2, qui propose des lieux où se retrouver – la Fabrique de la connaissance -, où se dépenser – l’Atelier des Sports -, 6 restaurants, un verger où se promener, un cours d’eau où la vie a déjà pris place, … C’est pour cela qu’on l’a appelé la Ville-Forêt.
Arboretum est également remarquable car c’est un projet ultra-bas carbone : les techniques de construction développées par WO2, l’utilisation du bois massif comme principal matériau de gros œuvre, et l’utilisation de la géothermie pour répondre à 80% des besoins en chaud et en froid du projet permettent de diviser son empreinte carbone par 2 sur l’ensemble de son cycle de son vie.
C’est aujourd’hui le plus grand campus en bois au monde, et il est à 15 minutes de la place de l’étoile en RER.
Quels ont été les principaux défis rencontrés lors de la conception et de la construction d’Arboretum ?
Marc Lafont. Les premiers défis auxquels il faut faire face pour un tel projet sont liés à la complexité administrative d’une telle opération.
- Il fallait un projet à l’ambition environnementale et architecturale unique pour fédérer l’ensemble des acteurs publics qui ont dû être impliqués dans la vingtaine d’autorisations ou d’actes administratifs qu’il a fallu obtenir pour ce projet.
- L’exemplarité environnementale de cette opération nous a toutefois permis de mobiliser et de fédérer l’ensemble des acteurs pour réussir à lancer ce projet en 4 ans seulement. Un record pour un projet de ce type.
Les seconds défis sont éminemment techniques.
- Nous voulions développer un projet ultra bas carbone, en proposant une qualité de produit allant au-delà des performances traditionnelles du bureaux.
- Nous avons donc dû innover. Sur la structure, la façade, l’acoustique, les lors techniques, etc. ; nos ingénieurs ont travaillé d’arrache-pied avec les architectes, bureaux d’étude, et les industriels pour concevoir un produit en ligne avec notre ambition initiale
- C’est ce processus itératif, créatif et technique qui permet de transformer une idée en un projet concret.
Enfin, ce projet a été rendu possible grâce à nos partenaires investisseurs et banquiers, et notamment BNPParibas Real Estate qui est notre partenaire historique sur le projet.
Quelles technologies et innovations avez-vous intégrées pour réduire l’empreinte carbone ?
Marc Lafont. L’utilisation du bois massif CLT (lamellé-collé croisé), permet par essence de capter le carbone séquestré dans le bois, et de réduire drastiquement l’empreinte carbone de la construction. Ainsi, au lieu d’avoir une structure issue d’un matériau dont la production est très émissive – comme le béton ou l’acier – le gros œuvre de nos bâtiments est un véritable puit de carbone
La provenance de tout le bois que nous avons utilisé a fait l’objet du plus grand soin de sélection :
- les planchers en CLT ont été fabriqués en Autriche par Stora Enso (origine bois : forêts autrichiennes et Europe Centrale)
- les poteaux et poutres sont en lamellé collé fabriqué en Alsace par l’entreprise Mathis (origine du bois : foret alsacienne, allemande et scandinave)
- la façade en ossature bois est quant à elle fabriquée en Loire Atlantique par une entreprise familiale.
Mais la construction bas carbone ne s’arrête pas aux matériaux biosourcés, l’ensemble des lots doit faire l’objet d’un calcul précis, et d’une optimisation.
En termes d’exploitation, nous avons réalisé une boucle de géothermie en forant 10 puits à 70m de profondeur environ. Ils viennent pomper l’eau de la nappe qui est à 14,5° toute l’année. Cela nous permet ensuite – via des thermofrigopompes -, de bénéficier de cette ressource parfaitement pilotable, résiliente car stable sur des durées longues, et parfaitement renouvelable.
Enfin, le projet, dans ses fondamentaux, est un manifeste pour une manière de vivre et de travailler autrement : un potager et un verger locaux nous permettent d’avoir plusieurs tonnes de fruits et légumes tous les ans, directement cuisinés sur place ; nous avons fait la part belle aux vélos et aux mobilités douces ; les immeubles sont conçus de manière à donner envie aux gens de prendre les escaliers plutôt que les ascenseurs, d’ouvrir la fenêtre plutôt que de baisser la climatisation.
C’est une nouvelle manière de réaliser des immeubles de bureaux : à très faible empreinte environnementale et à haute valeur d’usage.
Comment avez-vous impliqué les parties prenantes (résidents, entreprises, autorités locales) dans le projet ?
Marc Lafont. D’abord, le terrain initial faisait 17ha : c’étaient des usines désaffectées et des hangars amiantés sur un vaste espace imperméabilisé. La modification d’un tel morceau de ville implique nécessairement une concertation avec la ville et les acteurs publics concernés (PLD, département, région, etc.).
Arboretum n’a pas été pensé comme une « simple » opération immobilière mais dans l’esprit d’un véritable quartier : avec des rues, une place, des locaux d’activité, de commerces, une extension du parc, etc.
Cela a impliqué une étroite collaboration avec la mairie à chaque phase :
- Définition de la programmation initiale
- Organisation des travaux et des heures d’insertion
- Mise au point du nouveau quartier et insertion harmonieuse des équipements publics et privés…
- Ce projet a été coconstruit.
Les entreprises et partenaires du projet s’y retrouvèrent lors de la mise au point grâce aux éléments suivants :
- Un même objectif porte toutes les parties prenantes : être ultra bas carbone
- Cela engendre une émulation collective : tout le monde compte le carbone, et cherche à l’optimiser, marchant dans la même direction
- En résulte une mise au point des techniques constructives avec nos partenaires entreprises (Stora, GCC, Mathis, notamment)
- Certains ont même décidé de s’implanter dans Arboretum, séduits par le produit et la démarche
En quoi ce bâtiment bas carbone est-il un atout pour les utilisateurs, le quartier, la ville ?
Marc Lafont. C’est un véritable lieu de vie, avec deux bâtiments qui sont ouverts au public : La Fabrique de la connaissance, gérée par Comet qui accueille et conçoit des événements (déjà près de 18 000 personnes accueillies), ainsi que l’Atelier des Sports, géré par Arkose, qui a installé une superbe salle d’escalade en plus d’un fitness dernière génération. La cantine qui s’y trouve est également ouverte à tous !
Plus qu’un bâtiment, cette Ville-Forêt est aussi un poumon vert, un véritable îlot de fraîcheur et de biodiversité. Des familles de canards ont élu domicile en bordure du cours d’eau qui traverse le parc. Certaines espèces rares de papillons, de grenouilles et d’insectes sont revenus, les oiseaux migrateurs s’y arrêtent … Sans parler de toutes les variétés de fruits et légumes cultivées, et plantes mellifères qui en font le paradis des pollinisateurs. On parle tout de même d’un parc privatif végétalisé de 6 hectares, relié à un parc public existant de 19 hectares en bords de Seine.
Pourquoi avoir choisi le label BBCA ?
Marc Lafont. De même qu’Arboretum est une réalisation exemplaire dans le domaine de l’ultra bas-carbone, il nous fallait le label pionnier pour pouvoir en rendre compte.
La méthode de calcul et la granularité des labels ainsi que multiplicité des critères pris en compte dans le processus de vérification en font une marque solide et reconnue, essentielle à nos yeux pour Arboretum ainsi que pour nos autres projets, d’ailleurs… C’est donc avec fierté que nous arborons le label BBCA Excellence, le plus exigeant en la matière.
BBCA bénéficie d’un gage de sérieux scientifique, avec une méthode de calcul qui est même un cran en avance sur la réglementation. Ce label, devenu une référence nationale, a également posé les standards pour la référence européenne qu’est LCBI, initié par BBCA. L’ampleur d’Arboretum, plus grand campus en bois massif d’Europe, avait donc besoin d’un tel label pour rendre compte de l’exigence de l’entreprise menée.
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Le bois, puits de carbone et vecteur de bien-être
On a beaucoup parlé de bas-carbone et des performances d’Arboretum mais il y a un point qui nous tient également à cœur sur ce projet et dans nos réalisations en général : en plus d’être un formidable puits de carbone, le bois est également vecteur de bien-être. Ses bénéfices positifs ont été démontrés sur la réduction du stress et l’amélioration de la productivité, mais aussi sur le sommeil et en matière de confort acoustique.
Ce que l’on a empiriquement constaté est également étayé par la recherche, et les scientifiques parlent de « biophilie » : un amour inné de la nature et une volonté à s’entourer d’objets et de systèmes naturels. Les réactions positives que nous observons, en ce qui a trait au bois, sont partagées avec de nombreux autres éléments de la nature. La lumière naturelle, les plantes, l’eau, les paysages, les sons, et même les motifs et les mouvements, peuvent favoriser une réduction du stress, une bonne humeur et une attention accrue… Ainsi, en plus de son ultraperformance carbone, une autre raison de recourir au bois pour la construction est que le bois est unique en tant que matériau de conception biophilique, car il est à la fois un matériau naturel et un matériau structural ou de construction.
Arboretum en chiffres
- 125 000 m²
- Environ 650 compagnons en moyenne sur la durée du chantier (de novembre 2021 à Sept-2024)
- 32 000m3 de bois
- 15 minutes de l’Etoile
- 1000 arbres plantés
- 10 puits de géothermie
- 20 000m3 d’eaux pluviales à récupérer et réutiliser
- 80 tonnes de biodéchets compostés/an
- 3,10 mètres de hauteur libre sous plafond
- 6 hectares de parc privatif végétalisé
- 17 000m2 de terrasses permettant de travailler (électrifiées, WiFi)