C’est un fait avéré. Le bâtiment est responsable de plus du quart des émissions carbone en Europe. Il est par conséquent devenu vital de s’engager dans des stratégies bas carbone ambitieuses.

La tribune de Stanislas Pottier, Président de l’Association BBCA

 

L’enjeu est triple. Les professionnels du secteur doivent agir sur la limitation des émissions, du captage et du stockage du carbone déjà présent dans l’atmosphère. Un autre impératif concerne l’adaptation aux dérèglements/réchauffement climatiques que nous ne pourrons éviter.

L’agenda climat et carbone, c’est maintenant !

Le changement climatique est le plus grand défi de l’humanité. Notre secteur a un rôle majeur à jouer. Nombre d’investisseurs, d’élus, de promoteurs, d’architectes, de collectivités, d’utilisateurs, … œuvrent d’ores et déjà dans le bon sens en privilégiant des pratiques bas carbone, sur tout le cycle de vie du bâtiment.

La performance climat, nouveau fondement de la valeur de l’entreprise

En France et en Europe, les investisseurs exigent désormais la mise en œuvre de critères d’efficacité carbone et de plans de transition. Foncières cotées, sociétés de gestion immobilière ou investisseurs institutionnels doivent répondre à des dispositifs de reporting de plus en plus exigeants en matière d’impact sur le climat, de même qu’à une pression croissante de leurs clients et de la société en général.  L’appréciation de la valeur d’une entreprise intègre désormais sa performance environnementale et sociale, avec une priorité accordée à la performance climat.

Une évolution dont les conséquences se répercuteront aussi sur l’assurabilité des bâtiments, autre enjeu stratégique de ces prochaines décennies !

Une urbanisation responsable, c’est possible

Nous n’avons plus d’excuse. Les solutions techniques alternatives existent pour une urbanisation plus responsable : sobriété de la conception, utilisation de matériaux bas carbone et biosourcés, réemploi, recyclage, circuits courts, … permettent un bâti plus performant, limitent les consommations énergétiques et engendrent une fin de vie plus vertueuse (plus de rénovation, moins de déchets, …).

Vers un nouveau modèle

Comment on s’organise ? Nous devons inventer une nouvelle économie politique, une économie de « guerre » au sens où la contrainte extérieure surdétermine nos choix dans un contexte géopolitique et géoclimatique tendu : la rareté, la sobriété, le carbone. Et accepter des rendements moins élevés.

Rappelons que, en temps de crise, les actifs décarbonés constituent un refuge.

C’est pourquoi la comptabilité carbone doit s’imposer dans le pilotage des actifs immobiliers et inciter les usages bas carbone. Certes, le secteur de l’immobilier est bien orienté avec un enjeu de décarbonation devenu stratégique, une mobilisation grandissante, des méthodes de mesure harmonisées, des innovations performantes. De ce point de vue, c’est un des secteurs les mieux organisés et les plus prometteurs. Mais nous pouvons toujours faire mieux… et plus vite.

La formation des professionnels aux nouvelles techniques (conception bas carbone, matériaux et équipements bas carbone, mesure de l’empreinte carbone), un mode de travail plus collaboratif tout au long du projet sont également déterminants pour industrialiser les process et maîtriser les coûts.

Des pratiques qu’il devient urgent de suivre alors que la réglementation se durcit, à l’instar de la RE2020 en France, de la taxonomie verte européenne ou de la fiscalisation du marché du carbone, en expansion continue en Europe.

L’Association et les labels BBCA, des références en France et en Europe

Ce contexte renforce le rôle stratégique, l’utilité, le bien-fondé de l’Association BBCA qui développe des méthodes de mesure de l’empreinte carbone et des labels destinés à chaque typologie de bâtiment (neuf, rénovation, exploitation), quelle que soit sa destination (quartier, hôtel, commerce). Plus de 600 opérations immobilières sont engagées dans une labellisation d’exemplarité carbone BBCA, représentant 4 millions de m2.

Forte de ces précieux actifs, l’Association BBCA a pris le chemin de l’Europe avec la création de la Low Carbon Building Initiative (LCBI), le premier label bas carbone européen. Unique, ce label s’appuie sur une méthodologie inédite qui propose d’harmoniser la pratique de l’ACV des 8 pays impliqués à ce jour. Elle fixe une trajectoire claire pour les maîtres d’ouvrage et leur permet de progresser dans la mesure de l’empreinte carbone de leur patrimoine bâti sur tout son cycle de vie.

Au-delà du bâtiment…

Les engagements en faveur du zéro émission nette doivent être étayés par des mesures crédibles. C’est une révolution industrielle mondiale qui nécessite un changement de gouvernance des entreprises, une remise en cause des procédés de fabrication et des modes de transports, ainsi qu’une modification des usages. Cet investissement colossal vise une réduction des émissions sans toutefois augmenter la valeur d’usage. « Tout ça pour ça », diront certains. Mais le climat exige une vision commune, partagée par tous, un passage à l’acte immédiat.

Nous devons par ailleurs faire face aux redoutables lobbies en présence, parfois très bien installés, et disposant de moyens considérables. La RE2020 a été une initiative courageuse qui fait de la France un leader. Mais la règlementation incendie actuellement contestée et en discussion pourrait ralentir la décarbonation et l’avance technologique du secteur, compromettant ainsi l’utilisation des matériaux biosourcés dans la construction neuve. Il ne faut pas céder d’un pouce.

L’agenda n’est plus aujourd’hui aux incantations mais bien à la mise en œuvre de la décarbonation, à sa concrétisation, à son accélération. L’Association BBCA est là pour vous accompagner et vous aider pour passer à l’acte. Rejoignez-nous !